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Ciels de synthèse - Page 6

  • Kriegspiel

    Extrait de l'essai sophophilique (au à peu près) que l'on pourra trouver (si on le trouve) dans la machine :

    74. Kriegspiel. Dans un demi-rêve de ces jours derniers, je donnais, un jour de ciel gris, dans un bureau en ville (New York ? Londres ?) des cours d’apprentissage accéléré du Kriegspiel. Le principe était simple : l’apprenti payait d’avance 1000 dollars ou livres (le nombre importait plus que la monnaie) et prenait autant de cours qu’il lui serait nécessaire à comprendre le jeu. Le client, dont je ne saurais dire s’il était le premier ou le énième d’une longue série, entra et posa sur le bureau (une surface absolument plane et de rien encombrée) les 1000 dollars ou livres que je rangeai aussitôt dans un tiroir, juste à côté de mon petit automatique. — Commençons, dis-je.
    — Mais où est le Kriegspiel.
    — Le quoi ?
    — Eh bien, le plateau et les pièces.
    — Mais quel plateau et quelles pièces et à qui tout cela serait-il nécessaire ?
    — Mais à jouer au Kriegspiel. !
    — À jouer ? Mais il n’a jamais été question de jouer !
    Et je gardai pour moi quelque désobligeante remarque sur la redondance éventuelle qu’il y aurait à rappeler que spiel signifie jeu, mon client y étant manifestement sourd. Celui-ci s’énerva, réclama son argent, relut le contrat (soudain il y en eut un), y trouva stipulé qu’il ne saurait être là question de jeu sinon métaphysique (mot qui sembla redoubler sa colère), me traita de divers noms et pour finir, partit. Je crois que cet homme n’a pas perdu son argent. Ce qui est encore plus certain, me dis-je au réveil, c’est que je ne l’ai pas gagné.

    27 novembre 2024

  • Lettre (2)

    La lettre que j'écris ces jours-ci, dont je parlais précédemment, et qui doit s'achever sur une évocation de la conquête spatiale à venir (ou non) commence d'abord par une récapitulation succincte de la fameuse Lettre de Lord Chandos d'Hugo von Hofmannsthal, qu'il avait plus simplement intitulée Ein Brief, Une Lettre. 

    J'ai eu besoin, en écrivant, de retrouver une citation du même Hofmannsthal, prise dans le Livre des amis (Buch des Freunde). 
    Wer die höchste Unwirklichkeit erfaβt, wird die höchste Wirklichkeit gestalten. 
    Aux Editions de la Coopérative, le remarquable Jean-Yves Masson traduit erfaβt par « appréhende », mais je lui préfère « saisit » qui me semble évacuer toute idée de crainte :

    « Celui saisit la plus haute irréalité façonnera la plus haute réalité. »

     

    26 novembre 2024

     

  • Lettre

    La lettre a débarqué soudain en plein dans la rédaction (où elle s'insère) d'un chapitre qui prenait la forme, combien parodique, d'un essai philosophique.

    Quand la lettre débute, on ne sait pas à qui elle est adressée et celui qui la lit, et à qui elle n'est pas nécessairement adressée, ne sait pas qui l'a écrite ; c'est à la lettre elle-même, dans le cours de sa génération (si l'expression vaut) de déterminer où elle va et d'où elle vient. Mais je ne suis pas certain qu'elle veuille vraiment se découvrir ainsi.

     

    25 novembre 2024

  • Les Cocus du vieil art moderne

    Une citation dans laquelle il n'y aura jamais à changer que le premier mot (puis le verbe afférent), si l'on n'est pas peintre :

    « Peintres, ne craignez pas la perfection. Vous n'y parviendrez jamais ! Si vous êtes médiocres, et que vous fassiez des efforts pour peindre très, très mal, on verra toujours que vous êtes médiocres. »

    Salvador Dali, Les Cocus du vieil art moderne, Grasset 1956

     

    25 novembre 2024

    Lien permanent Catégories : Livre
  • A quoi sert une bibliothèque ?

    Je lis en ligne un article sur Husserl et Gödel par Dagfinn Føllesdal, un philosophe norvégien (né en 1932) dont je n'avais jamais entendu parler.

    Husserl n'a jamais fait référence à Gödel.
    Les travaux publiés de Gödel n'ont jamais fait référence à Husserl.

    Gödel fait mention en 1961 de la phénoménologie dans son Nachlaβ (les papiers donnés à l'Institute for Advanced Study par son épouse peu après sa mort) et Hao Wang confirme que Gödel avait commencé d'étudier Husserl en 1959.
    Gödel était assez critique des Recherches logiques (1900-1901) et sur certaines sections de la Crise des sciences européennes (1936 et ensuite). 

    C'est pour une grande part grâce aux notes prises par Gödel dans les marges des livres de Husserl qu'il possédait que nous pouvons savoir comment il le comprenait, et dit Dagfinn Føllesdal cette compréhension est tout à fait extraordinaire et elle le place parmi les premiers des principaux interprètes du philosophe.

    Les notes prises dans les marges, je vous dis.

    21 novembre 2024