Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

la fontaine

  • Machine (3) la place de Paris

    Il m'est nécessaire d'inventer ce que je veux voir exister. Le plus grand écueil est sans doute de vouloir que ce que je fais ressemble à ce qui existe déjà. Le mot roman ne convient pas et celui de machine, qui me vient, ne dit rien à personne. Ce qui est tout de même à se tordre. Souvent je suis perdu, sans plan, puisque cela ne ressemble à rien de connu. Alors je fais taire en moi le critique, esprit du dernier ordre, et continue d'avancer. On verra. Ce sera de toute façon tout à fait impubliable.
    Ce qui est rassurant, quand on voit ce qui est publié en France sous le nom de littérature.
    Côté philosophie par exemple, on ne se donne même plus vraiment la peine de traduire les livres anglais ou américains intéressants ; on sait que les gens que ça intéresse les liront dans le texte. Côté sciences, il y a lurette que les Français écrivent directement en anglais (sans se préoccuper même de fournir une version française à l'Université). La place de Paris is a godforsaken place.

    18 novembre 2024

  • Sherlock Holmes, critique littéraire, esprit du dernier ordre

    Celui que je relis le plus, c'est La Fontaine. Ce mot d'esprits du dernier ordre s'applique à merveille aux critiques littéraires, par exemple.  On le trouve dans Le Serpent et la Lime, livre V, fable 16.

    On conte qu'un Serpent voisin d'un Horloger
    (C'était pour l'Horloger un mauvais voisinage),
    Entra dans sa boutique, et cherchant à manger,
                  N'y rencontra pour tout potage
    Qu'une Lime d'acier qu'il se mit à ronger.
    Cette Lime lui dit, sans se mettre en colère :
            Pauvre ignorant ! et que prétends-tu faire ?
                  Tu te prends à plus dur que toi.
                  Petit serpent à tête folle,
                  Plutôt que d'emporter de moi
                  Seulement le quart d'une obole, 
                  Tu te romprais toutes les dents :
                  Je ne crains que celles du temps.

    Ceci s'adresse à vous, esprits du dernier ordre,
    Qui n'étant bons à rien cherchez sur tout à mordre.
                Vous vous tourmentez vainement.
    Croyez-vous que vos dents impriment leurs outrages
                         Sur tant de beaux ouvrages ?
    Ils sont pour vous d'airain, d'acier, de diamant.

     

    Je lis Une étude en rouge, mon premier « Sherlock Holmes » depuis l'adolescence. Un passage me fait penser qu'un certain romantisme a voulu voir dans la littérature une manière de crime, de passage en tout cas des limites. Et je me dis que si Holmes, dans le passage qui suit, avait dit livres et auteurs en place de crimes et de criminels, et quelque nom de journal ou magazine en place de Scotland Yard, il se fût parfaitement défini comme esprit du dernier ordre. 

    «Il n'y a pas de crimes et il n'y a pas de criminels de nos jours, dit-il d'un ton de regret. A quoi cela sert-il d'avoir un cerveau dans notre profession ? Je sais bien que j'ai en moi ce qu'il faut pour que mon nom devienne célèbre. Il n'y a aucun homme, il n'y en a jamais eu qui ait apporté une telle somme d'étude et de talent naturel à la déduction du crime. Et quel en est le résultat ? Il n'y a pas de crimes à découvrir ; tout au plus quelque maladroite crapulerie ayant des motifs si transparents que même un agent de Scotland Yard y voit clair tout de suite. »

    On se demande surtout quelle trouille ou quelle lucidité peut bien retenir ce critique de passer à l'acte.

     

  • La loi du plus fort

    La question du jour (mauvais temps, faute à Boutang...) est de savoir si l'agresseur est nécessairement le premier qui frappe. Il semble bien que les cas existent où le premier qui frappe n'est pas réellement l'agresseur ; où donc le premier coup serait permis (l'emploi du conditionnel est justifié plus loin). J'imagine, par exemple, que si six ou sept personnes le cernent et le menacent avec l'intention manifeste de lui faire la peau, un type est tout de même fondé à éclater les couilles du premier qui s'approche, dans la sainte intention de dissuader ses comparses. Mais en réalité, tout dépendra de l'issue du combat et du protagoniste finalement qui dira le droit. Ce qui signifie tranquillement que, sous les apparences à maintenir, tous les coups sont permis pour être celui dont à la fin la force prend force de loi. Ce n'est quand même pas si sorcier à comprendre. Il pleut toujours et je considère cette question comme définitivement résolue, merci de votre attention.

    8 février 2024

     

     

  • 26 janvier 2024

    Passé les quinze derniers jours à tenter d'extraire de la narratrice S.H. de quoi faire un soliloque à destination (très hypothétique) du théâtre-zombie. Thème global : La loi du plus fort est toujours la meilleure. (Rapports du poète et du tyran.) Convoqués d'autorité, Mandelstam, La Fontaine (donc), Xénophon, Joyce. Se sont invités Apollinaire (hors sujet, diversion, Merveille de la guerre) et Pound (passage éclair pour ce dernier). Le tout dans un futur proche à la technomisère organisée par personne. Concision du style : maximum de violence dans minimum de mots, la plus grande étant de la dire comme une évidence, en passant. Dès le début d'écriture, massacre indifférencié des poètes neuneus du jour (les débiles légers parlent aux débiles légers) et des burnes vides élues qui gauleiterisent le pays, et le monde . (Juste après, dans la prétendue vraie vie, 2000 nullités poétalisantes dénoncent comme "trop méchant" Sylvain Tesson, l'écrivain touristique poly-râteliérisé à dico des jolies citations intégré. Lili Pute et Pute Lili <en même temps>.) Puis entrée directe dans la colonisation de l'esprit humain par la machine, le corps servant de terminal ; avec en filigrane discret la légalisation du commerce des enfants (usinage/import/export). (Pendant ce temps, dans la vraie vie, autour de moi, dans le village, révolte paysanne. Des gens qui ne veulent pas devenir ce que je viens d'écrire.) Et moi, seul, de part et d'autre de la schize, avec mon cigare belge (tabacs Joseph Martin).

    26 janvier 2024