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Journal

  • Dantec 1999

    Je suis dans la librairie, je prends sur un rayon le poche du Théâtre des opérations (journal métaphysique et polémique 1999) de Dantec et l'ouvre au hasard :

    « Il faut donc bien saisir cela : l'écologie humanitaire qui marche aux bons sentiments ou au charlatanisme new age, ne veut tout compte fait qu'établir une stricte conservation de cet état du monde (et pour certains, restaurer l'ancien, avant la venue de l'industrie, voire de l'homme lui-même), elle refuse de comprendre que pour assurer sa survie l'homme devra entreprendre le surpassement, la transformation effective, écosystémique et globale de ce monde.
    Car avant de terraformer Mars, il est clair désormais que nous allons devoir terraformer la Terre. » 

     

    8 janvier 2025

     

  • La poésie hautement éducatrice (1905)

    J'ai déniché pour cinquante centimes un livre de choix de poésies italiennes (sobrement intitulé Poesie Scelte) destiné aux classes de la sixième à la première, édité au début du XXème siècle chez Vuibert. Passé la préface, tout est en italien, même les notes de renvoi. 

    L'auteur de la sélection (J. Marchioni) en sa préface cite Le Rapport de la Commission des épreuves de Langues vivantes au Brevet supérieur (1905) :
    « La poésie, mieux que la prose, permet, sous une forme condensée, de saisir la manière de penser, d'agir et de sentir propre à un peuple, de pénétrer, pour ainsi dire, jusque dans son âme souvent fort différente de la nôtre ; ainsi envisagée, l'étude de quelques poésies étrangères, si ces poésies sont caractéristiques, peut devenir hautement éducatrice. »

    Dieu merci, tout a depuis été uniformisé dans les peuples et jusqu'aux identiques mois des poètes.

     

    6 janvier 2025

     

  • Echouer, oui, mais dans tout, et surtout dans l'échec

    Rien n'est aussi convenu aujourd'hui que d'écrire un roman. Et c'est très bien. Autant savoir dans quelles catégories désormais s'accumulent les choses convenues, sans importance. Entre le roman et vers libre à la  va-comme-je-te-pousse, on connaît l'adresse de la décharge publique. Une page de prose est déjà plus compliquée à réussir. Un dialogue, n'en parlons pas. L'écriture dramatique cherche désespérément à déboucher sur la scène et : ou elle est adaptée à la bêtise scénique contemporaine et, bête elle-même, y peut réussir ; ou elle n'y est pas adaptée et ou échoue à y parvenir ou s'y échoue. Quant à l'essai, il pue la mode, qu'il l'épouse ou la critique. On me dira qu'il y a des exceptions (il y a des tribunaux pour ça). Peut-être. Mais s'il y en a, il y en aura de moins en moins. Il y a déjà longtemps qu'il n'y en a presque plus. On me dira qu'elles n'en seront que plus exceptionnelles. Certes. (J'espère bien.) Et la plupart n'iront pas jouer dans les réseaux ordinaires de la soumission éditoriale à la médiocrité. Je ne comprends pas ce qu'un homme même un tout petit peu intelligent irait faire dans la politique française actuelle (et là, je ne trouve pas d'exception) ou dans le milieu de l'édition. Je trouve dans la mauvaiseté de la littérature française d'aujourd'hui d'excellentes raisons de me mettre sinon aux mathématiques, du moins à la logique élémentaire. 
    (J'espère bien. (J'ai dit.))

     

    17 décembre 2024

     

     

    Lien permanent Catégories : Journal
  • Le maillon manquant

    Deux faits.

    1. J'ai fait un petit billet ici, il y a quelque temps, sur l'emploi chez Descartes, dans le Discours de la méthode, à propos du suspens ou de la réduction, du verbe feindre.

    2. J'aime citer depuis longtemps le mot de Basil Bunting cité par Ezra Pound dans son ABC de la lecture :
    Dichten = condensare.

     

    Je n'aurais jamais pensé à lier entre eux ces deux faits sans le magnifique Livre des amis d'Hugo von Hofmannsthal (publié aux éditions de la Coopérative par Jean-Yves Masson, éditeur et traducteur) :

    Ecrire (dichten) = feindre* = to feign

    Jean-Yves Masson ajoute en note : « Hofmannsthal pense ici à l'étymologie des verbes français et anglais "feindre" et "to feign", dérivés du latin "fingere" qui signifie originellement "modeler, façonner", puis "imaginer", d'où provient aussi le mot "fiction". Le verbe "dichten" s'applique à la création littéraire en général, même s'il s'applique surtout à la poésie ("der Dichter peut désigner "l'écrivain").  »

    L'astérisque signifie que le verbe feindre est écrit en français par Hofmannsthal. Ce qui signifie donc, sauf erreur de ma part, que l'aphorisme d'Hofmannsthal est écrit en trois langues :

    Dichten = feindre = to feign 


    Je ne tire pas les conclusions.

     

  • A quoi sert une bibliothèque ?

    Je lis en ligne un article sur Husserl et Gödel par Dagfinn Føllesdal, un philosophe norvégien (né en 1932) dont je n'avais jamais entendu parler.

    Husserl n'a jamais fait référence à Gödel.
    Les travaux publiés de Gödel n'ont jamais fait référence à Husserl.

    Gödel fait mention en 1961 de la phénoménologie dans son Nachlaβ (les papiers donnés à l'Institute for Advanced Study par son épouse peu après sa mort) et Hao Wang confirme que Gödel avait commencé d'étudier Husserl en 1959.
    Gödel était assez critique des Recherches logiques (1900-1901) et sur certaines sections de la Crise des sciences européennes (1936 et ensuite). 

    C'est pour une grande part grâce aux notes prises par Gödel dans les marges des livres de Husserl qu'il possédait que nous pouvons savoir comment il le comprenait, et dit Dagfinn Føllesdal cette compréhension est tout à fait extraordinaire et elle le place parmi les premiers des principaux interprètes du philosophe.

    Les notes prises dans les marges, je vous dis.

    21 novembre 2024