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Machine

  • D = C

    Je crois que si l'idée foutraque de me confier une collection de poésie traversait jamais un éditeur, je l'ouvrirais avec la paginetta de Kurt Gödel qui a pour titre Preuve ontologique. (Ce serait d'ailleurs encore la faute au vieil Ezra.) Puis je fermerais la collection.
    (Et tout le reste est turlutature.) 

    (Le mot de paginetta (le travail de toute une vie qui tient en une page que l'on ne souhaite pas publier) est de Piergiorgio Odifreddi dans le livre La prova matematica dell'esistenza di Dio de Kurt Gödel (chez Bollati Boringhieri). J'aurais pu lire ça en anglais mais j'ai trouvé que l'italien serait plus proche du français.)

    Petites et grandes maisons d'édition ne publient que peu de poésie, ce qui est encore sans doute trop, puisque ce peu ne se vend pas ou mal, hors de la catégorie même des poètes, qui, malgré leurs rivalités de cour de récréation, se sentent obligés d'encore se lire entre eux, afin d'écouler quand même un peu les maigres stocks.
    Personne en tout cas n'a eu l'idée de traduire et publier Basil Bunting. C'est bien regrettable. On a sans doute pas eu le temps, depuis la publication de Briggflatts en 1966. Alors, évidemment, le plus grand logicien depuis Aristote (Gödel), qu'est-ce que ça peut foutre quand on a Paolo Coelho, Michel Onfray et Jean-Pierre Siméon ?

    Je reprends toutefois, n'étant pas à une contradiction près, mon vieil exemplaire de L'a.b.c de la lecture. (La traduction de Denis Roche pourrait être refaite.)

    Bunting est en tout cas l'auteur de la formule (et même de l'équation) que cite à plusieurs reprises Ezra Pound :

    Dichten = condensare

    que j'écris donc, l'appliquant à elle-même D = C.

    L'idée me vient de sortir tout à fait de leur contexte les deux (célèbres) définitions de la littérature que donne Pound :

    1
    La grande littérature est simplement du langage chargé de sens au plus haut degré possible.

    Je donne la seconde en anglais, la traduction de Denis Roche ne me satisfaisant pas (une somme d'informations qui RESTENT des informations).

    2
    Literature is news that STAYS news.

    (« La littérature, c'est des nouvelles qui RESTENT fraîches ».
    Je dirais.
    La traductrice Claire Vajou proposait sur sa page FB le 30 août 2016 :
    « La littérature : des nouvelles du jour pour toujours». )

    D = C, donc.

    Mais aussi bien :

    E = mc²

     

    22 janvier 2025

  • Lyotard et la mort du Soleil

    Pour Lyotard, les techno-sciences sont déterminées par la mort du Soleil.
     
    « Vous décidez de relever le défi du plus que probable anéantissement de l'ordre solaire et de votre pensée. Et la tâche, alors, la seule, est fort claire, déjà commencée depuis longtemps : simuler les conditions de la vie et de la pensée de telle sorte qu'une pensée reste matériellement possible après le changement d'état de la matière qu'est le désastre. »
     
    « Le problème des techno-sciences s'énonce donc : assurer à ce software un hardware indépendant des conditions de vie terrestre. Soit : rendre possible une pensée sans corps, qui persiste après la mort du corps humain. »
     
    Dans L'Inhumain, causeries sur le temps, Galilée, 1988.
    J'ai trouvé les citations dans Les rêves cybernétiques de Norbert Wiener, de Pierre Cassou-Noguès, Seuil, 2014
     
    20 janvier 2025

  • Recommencer

    Il est assez amusant de se dire que je vais sans doute devoir jeter tout de ce que j'ai écrit depuis novembre 2023.

    Ce n'est pas assez simple.

    (Remarquez, il y aurait un livre amusant à faire avec la somme de textes jetés.)

     

    10 janvier 2025

  • Vers l'approximation (1)

    Dans le monde de James Bond (le monde fictif où James Bond est un personnage), par exemple, Ian Fleming, ses romans, et les films de James Bond ainsi que leurs leurs produits dérivés ne sont pas censés exister (ce qui n'empêche d'ailleurs pas, parfois, quelques clins d'œil potaches).

    Dans la machine en cours écrite par moi (P.A.), je pourrais dire que :
    Dans le monde fictif où R.P.H est un personnage de l'écrivain S.Y., S.Y. n'existe pas (du moins comme créatrice de R.P.H.).
    Dans le monde fictif où S.Y. est un personnage de l'écrivain R.P.H., R.P.H. n'existe pas (du moins comme créateur de S.Y.).

    Dans la machine en cours lue par un lecteur externe (∼P.A.), les deux mondes précédents n'étant jamais signalés comme séparés :
    Les personnages et écrivains R.P.H. et S.Y. existent dans un monde fictif unissant les deux mondes ci-dessus. Il n'est pas certain du tout, onomastique oblige, qu'ils soient perçus comme étant quatre.

    Se poser la question de ce qui est vrai et de ce qui est faux n'a probablement pas de sens. A moins que. (La folie rôde.)

    La naissance (dans le futur) du personnage A.Q. et sa prise de position en tant que troisième narrateur ne va rien arranger, je le crains.
    Adieu.



    29 novembre 2024

    Lien permanent Catégories : Machine
  • Kriegspiel

    Extrait de l'essai sophophilique (au à peu près) que l'on pourra trouver (si on le trouve) dans la machine :

    74. Kriegspiel. Dans un demi-rêve de ces jours derniers, je donnais, un jour de ciel gris, dans un bureau en ville (New York ? Londres ?) des cours d’apprentissage accéléré du Kriegspiel. Le principe était simple : l’apprenti payait d’avance 1000 dollars ou livres (le nombre importait plus que la monnaie) et prenait autant de cours qu’il lui serait nécessaire à comprendre le jeu. Le client, dont je ne saurais dire s’il était le premier ou le énième d’une longue série, entra et posa sur le bureau (une surface absolument plane et de rien encombrée) les 1000 dollars ou livres que je rangeai aussitôt dans un tiroir, juste à côté de mon petit automatique. — Commençons, dis-je.
    — Mais où est le Kriegspiel.
    — Le quoi ?
    — Eh bien, le plateau et les pièces.
    — Mais quel plateau et quelles pièces et à qui tout cela serait-il nécessaire ?
    — Mais à jouer au Kriegspiel. !
    — À jouer ? Mais il n’a jamais été question de jouer !
    Et je gardai pour moi quelque désobligeante remarque sur la redondance éventuelle qu’il y aurait à rappeler que spiel signifie jeu, mon client y étant manifestement sourd. Celui-ci s’énerva, réclama son argent, relut le contrat (soudain il y en eut un), y trouva stipulé qu’il ne saurait être là question de jeu sinon métaphysique (mot qui sembla redoubler sa colère), me traita de divers noms et pour finir, partit. Je crois que cet homme n’a pas perdu son argent. Ce qui est encore plus certain, me dis-je au réveil, c’est que je ne l’ai pas gagné.

    27 novembre 2024