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Douille

  • Un peu d'espoir

    J'ai souvent eu envie de poser cette question à des gens qui écrivent de la « poésie » : Qu'est-ce qui, dans ce que vous écrivez, vous permet de dire que c'est de la poésie ?

    Je crois que très / souvent la réponse serait / qu'on revient à la / ligne quand on veut / (s'il existe des po / étonètes). Les poétenproses écrivent quant à eux des textes courts, pas très réalistes et dans lesquels l'auteur fait montre de sa pensée et de ce qu'il aurait pu, s'il avait voulu et suivi quelques fastidieuses années d'étude, enseigner la philosophie au lycée public de Saint-Cucufin.

    Il est évident que ce n'est pas suffisant, et que la plupart du temps ce qui fait que les gens disent qu'ils écrivent de la poésie est une croyance, la croyance qu'ils écrivent de la poésie. On n'aurait pas le cœur de leur ôter leur croyance, qui doit bien servir à leur psychique équilibre. Il y a déjà beaucoup trop de gens sous anti-dépresseurs dans ce pays (et cela même alors que presque personne, Dieu merci, ne lit les productions des poètes.)

    Une question comparable peut être posée à des romanciers. Pour les dramaturges, ou produits dérivés, en tant qu'ils ne prétendent plus écrire une vieillerie comme du théâtre, la question ne se pose plus vraiment. Ces gens admettent ne pas faire ce qu'ils disent faire, et l'honnêteté a moins de rang là que la simple bêtise.

    Il faut bien admettre que toutes les définitions jamais données ne sont pas satisfaisantes ; et c'est pour cela que ma question était d'abord personnelle. L'idéal serait que chaque poète ait (au moins) une réponse technique. Mais j'en doute. Il y a chez le poète un sentiment de poésie comme selon l'Education Nationale il y a un sentiment de passé simple chez qui écrit : il prena ses jambes à son cou et courit à perdre la laine. Cette comparaison me paraît assez juste hélas.

    Les romanciers contemporains, eux, ont arrêté d'avoir tout rapport (narratif ou stylistique) avec leurs prédécesseurs. Ils racontent leur vie en espérant qu'elle pourra émouvoir des gens qui ont la même, ce qui n'arrivera pas. Les plus cyniques parmi eux, qui font de l'argent, ne sont jamais que de féroces naïfs qui se trouvent intelligents. Quand par extraordinaire ils ont de la littérature une idée précise, comme Patrice Jean, elle a deux siècles, est capable de comprendre quelques romanciers du XXème siècle, ressemble à ce qu'on enseignait dans les années 1980. Candy au Kafka-shop eût été un meilleur titre.

    Ce qui saute à la gueule, c'est que personne ne comprend rien au monde qui arrive et préfère parler d'autre chose en regardant le ciel, ses pieds, son sexe.

    Tous ces gens, dont je suis d'évidence, écrivent de toute façon pour personne, puisque personne ne lit rien ; et qu'il suffit de fréquenter quelques lycéens pour constater l'effondrement général du QI de la jeunesse. Une nation d'abrutis est en cours de fabrication ; et par bonheur, elle va s'éteindre.

    30 janvier 2025

     

     

  • Dantec 1999

    Je suis dans la librairie, je prends sur un rayon le poche du Théâtre des opérations (journal métaphysique et polémique 1999) de Dantec et l'ouvre au hasard :

    « Il faut donc bien saisir cela : l'écologie humanitaire qui marche aux bons sentiments ou au charlatanisme new age, ne veut tout compte fait qu'établir une stricte conservation de cet état du monde (et pour certains, restaurer l'ancien, avant la venue de l'industrie, voire de l'homme lui-même), elle refuse de comprendre que pour assurer sa survie l'homme devra entreprendre le surpassement, la transformation effective, écosystémique et globale de ce monde.
    Car avant de terraformer Mars, il est clair désormais que nous allons devoir terraformer la Terre. » 

     

    8 janvier 2025

     

  • Je déteste les cons...

    Je me souviens avoir vexé bien involontairement un poète (mort depuis) en publiant en guise de « bio » sur ma page FB cette phrase (qui est très accessoirement un alexandrin) :
    « Je déteste les cons qui racontent leur vie. »
    Comprenant que c'est le fait de raconter sa vie qui défin
    it le con (ce qui est à tout le moins discutable, mais au moins très égalitaire), il avait décidé de se vexer, et me l'avait fait savoir (sinon je ne l'eusse point su).
    (On notera que sa mauvaise compréhension de mon mauvais vers le rend performatif. Comprenant que le fait de raconter sa vie est preuve de connerie, et par ailleurs ayant raconté sa vie, il se fit sitôt con, prouvant involontairement que j'avais bien raison (quoi que cela veuille dire). Merci.)
    Comme sa vexation tonitruante et tout à fait mal aimable me semblait davantage une preuve de connerie que le simple fait de raconter sa vie (je vous raconte la mienne, là, notez le), je lui avais répondu d'une de ces répliques que Molière a puisé dans l'ancien peuple de France :
    « Qui se sent morveux, qu'il se mouche. »
    J'aime ramener le calme. (Hum.)
    L'ayant trouvé un peu con et tout à fait dénué d'humour, je n'ai jamais lu la poésie de ce monsieur, qui sans doute aucun racontait sa vie. Bref, il ne suffit pas de raconter sa vulgaire vie pour aussitôt devenir Chateaubriand, Saint-Simon, Proust.

     

    6 janvier 2025

  • Ethique journalistique

    Ayant lu une critique honnête du Stella Maris de McCarthy sur le site de New York Times, j'arrive d'un clic sur la page de l'auteur de l'article, un dénommé Dwight Garner ; en bas de sa biographie, on peut lire le paragraphe suivant, intitulé Journalistic Ethics, dont le contenu semble absolument impossible dans notre cher pays.

    "Book critics abide by the same exacting ethical standards as other Times journalists. (Those guidelines are public; you can read about them here.) For me, among other things, this means not sitting on prize committees, advising publishers or providing advance blurbs for books. I don’t review books by people I know. If I have had even a glancing acquaintance with someone whose book I might want to review, I discuss the details with my editors. I rarely go to book parties or other industry events."


    (« Les critiques de livres sont soumis aux mêmes normes éthiques rigoureuses que les autres journalistes du Times. (En ce qui me concerne, cela signifie, entre autres, que je ne participe pas à des comités d'attribution de prix, que je ne conseille pas les éditeurs et que je ne donne pas de commentaires à l'avance sur les livres. Je ne fais pas la critique de livres écrits par des personnes que je connais. Si j'ai rencontré, ne serait-ce que de loin, une personne dont je pourrais critiquer le livre, j'en discute avec mes rédacteurs en chef. J'assiste rarement à des fêtes du livre ou à d'autres événements du secteur ».)

    Si tous les journaux et magazines français appliquaient soudain cette règle, il faudrait idéalement virer et remplacer tous les critiques littéraires, mais au niveau de corruption banalisée où nous flottons avec le sentiment du devoir accompli, il y a fort à parier que pour rester en place, lesdits critiques s'engageraient à changer du jour au lendemain, et radicalement, leurs goûts. J'imagine la tête de Frédéric Beigbeder, par exemple.
    Ah, ces foutus puritains d'Amerloques. 

     

    16 décembre 2024

     

  • L'armée et le Hazard

    Hier. J'ai pour mission de convaincre le chef d'état-major des armées de faire pousser des poireaux sur tous les terrains militaires, les poireaux pouvant remplacer (secret défense) l'uranium dans la production d'énergie nucléaire. Toute la difficulté consiste à transformer le poireau238, qu'on trouve dans la nature, en poireau235.

    Ce matin. Je sèche sur une équation mathématique. Le général de Gaulle m'appelle pour me l'expliquer : son application physique permet de faire du café pour 66 millions de personnes ; sa résolution est : 1 cuiller pour 2,2 tasses, crise oblige.

    Les deux fois, je me réveille avec la chanson Ma poupée psychédélique de Thierry Hazard, avec ses paroles rigolotes qu'on n'oserait peut-être plus, Un soutien-gorge indestructible / Et un slip inviolable, dans la variété (qui ne varie plus). Rendez-nous Beethoven.

    26 octobre 2024