Hier est une pièce écrite à dix-sept ans par Hugo von Hofmannsthal.
Elle est traduite et publiée par Jean-Yves Masson aux éditions de la Coopérative.
Lequel Masson a tout à fait raison de dire en sa postface que la pièce contient non seulement en germe toute l'œuvre à venir d'Hofmannsthal, mais aussi qu'elle est absolument personnelle et d'une complète maturité.
Il y a quelque chose d'une foi inébranlable en l'art, qui me semble avoir disparu sinon de la littérature, au moins du théâtre. Elle tient peut-être, de façon tout extérieure, à ne raconter ni sa vie ni son époque ; à ne porter rien qui soit immédiatement de l'ordre de la critique. C'est d'ailleurs cela qui fait l'extrême contemporanéité de la chose : une contemporanéité permanente, si j'ose dire. Car enfin, je ne vis ni dans la Vienne de 1891 du jeune auteur, ni dans l'Italie de la Renaissance où se déroule la pièce.
La construction de l'acte unique en dix scènes s'ouvre et s'achève sur le duo d'Andrea et Arlette. Les huit scènes qui les séparent ont retourné complètement Andrea. Le jeune homme qui reprochait d'abord à son amie
Dois-tu sans cesse gâter le jour présent avec le souvenir d'hier ?
finira par admettre, tordu de jalousie, que :
Ce qui fut une fois demeure vivant pour l'éternité.
8 mai 2025