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Ciels de synthèse - Page 8

  • Modèle de composition II - Faulkner

    Si je t'oublie, Jérusalem, de William Faulkner

    (Les palmiers sauvages)

    Le roman (qui a retrouvé aujourd'hui le titre choisi par l'auteur: Si je t'oublie, Jérusalem) alterne deux histoires en dix chapitres (cinq pour chacune, donc), on serait tenté de dire deux nouvelles, qui ne se rencontrent apparemment pas : Les palmiers sauvages  et Le vieux père (ce vieux père étant le Mississipi, old man river).

    "Le vrai domaine de Faulkner est celui des mythes éternels, tout particulièrement ceux que la Bible a popularisés." Maurice Edgar Coindreau

    Le traducteur M.-E. Coindreau dans sa préface, qu'on peut lire seulement dans l'ancienne édition des Palmiers sauvages, établit avec précision, souvent contre la critique américaine,  l'enchevêtrement de thèmes (y compris naturels et bibliques, l'air et l'eau) présents dans les deux histoires, se répondant, et donnant au roman son unité.

    Je dirais que dans la première histoire, un homme qui est presque médecin part vivre avec une femme mariée qu'il finit par tuer en pratiquant sur elle un avortement dans des conditions de fortune ; tandis que dans la seconde, un homme emprisonné qui est presque un criminel mais ne rêve que de rester emprisonné, se trouve, du fait de la grande crue du Mississipi, recueillir et protéger courageusement dans sa barque une femme enceinte qui bientôt donne naissance à un enfant. A la fin de chaque histoire, les deux hommes sont en prison.

    6 décembre 2023

     

  • La leçon de Belloc

    Nous ne posséderons rien, ou pas grand-chose. Il se peut même que le peu que nous possédons fonde encore, et très vite, dans les années qui viennent. L'Etat servile, d'Hilaire Belloc, écrit en 1912, raconte très bien comment, en Angleterre du moins, le Moyen Âge avait petit à petit éliminé le servage au profit d'une société essentiellement constituée de petits propriétaires capables de solidarité. Small is beautiful. Puis comment, avant même la révolution industrielle, les terres des gens avaient été spoliées par une couronne incapable cependant de même les conserver (le roi lui-même devenant une marionnette salariée...) ; échec qui avait permis la naissance d'une oligarchie nouvelle de grands propriétaires terriens et le retour du servage, sous la forme épatante du salariat (ou le salarié contracte librement puisqu'il a en effet le choix entre la misère et la mort) ; et que c'est cette réalité qui avait permis que l'essor industriel soit cette atroce exploitation des prolétaires anglais. 

    Inspiré du Moyen Âge tardif (et catholique) des XIVème et XVème siècles, le distributivisme de Belloc, idéale alternative aux capitalisme et socialisme créant tous deux une catégorie identique de prolétaires disposant d'une force de travail destinée uniquement à servir ceux qui possèdent (que la possession soit publique ou privée), ne redeviendra pas réalité. Il peut cependant devenir pour chacun une source d'inspiration quant à la manière d'orienter sa vie.     

    « L'entrée d'un homme dans une corporation s'accompagnait d'une période d'apprentissage au cours de laquelle il travaillait pour un maître ; mais avec le temps, il devenait maître à son tour. L'existence de telles corporations en tant qu'unités normales de production industrielle, d'effort commercial et de moyen de transport atteste suffisamment ce qu'était l'esprit social qui avait également affranchi le travailleur de la terre. Et tandis que de telles institutions fleurissaient parallèlement aux communautés villageoises qui n'étaient plus serviles, la propriété libre ou absolue du sol, à la différence de la tenure du serf sous l'autorité du seigneur, s'était également développée.

    [...] L'Etat, tel que l'envisageait l'esprit des hommes au terme de ce processus, était un agglomérat de familles plus ou moins riches, mais constituant les propriétaires de moyens de production de loin les plus nombreux. »

    4 décembre 2023

     

    Hilaire Belloc, Vous ne posséderez rien (L'Etat servile), traduction et présentation de Radu Stoenescu, Carmin, 2023

  • 1er décembre (journal)

    J'ai imprimé et relu le nouveau premier chapitre. Problème temporel colossal. Quand on fait un pain de cette taille-là, il faut tout jeter. Ou considérer la monstruosité comme une invention bannissant tout retour à un quelconque réalisme. Je ne change rien pour l'instant ; on verra ce que ça produit dans la suite des temps : effondrement de l'ensemble ou pas.

    4 décembre 2023

  • Hollywood (and co)

    Ils ont des producteurs très riches et des moyens colossaux, de très bons metteurs en scène (capables d'attention aux détails sans perdre la vue d'ensemble ; et réciproquement), d'excellents acteurs, de très bons scénaristes et les meilleurs techniciens de plateaux, de très bons cascadeurs, des photographes et des éclairagistes hors pair, les types les plus à la pointe quant aux effets spéciaux, des monteurs exceptionnels, des compositeurs spécialisés et de grands orchestres à disposition. Et quand le film prend, c'est-à-dire, selon l'expression presque consacrée, qu'il est davantage que la somme de ses parties, il ne produit au mieux qu'un divertissement efficace et médiocre, qui vieillit vite ; le plus souvent incapable, si l'on ôte la musique dictant quoi ressentir, de provoquer une seule émotion vraie. Je ne trouve à cet échec qu'une raison : c'est ce qu'ils voulaient faire.

    1er décembre 2023

    Lien permanent Catégories : Film, Musique