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logique

  • Ce que sont les occidentaux

    La cohérence est le moins pratiqué des fanatismes.

    Vieux logicien, nom que Verlaine (et Banville après lui) donne au diable. (Mais peut-être cette appellation est-elle bien antérieure à Verlaine...)

    Les occidentaux sont des pellicules de bouviers.
    Du moins si je traduis les mots westerns, films et cow-boys.

    5 novembre 2024

  • Guerre froide. La solution logique

    — Le détroit de Behring, large de 85 kilomètres et séparant, du cap Prince-de-Galles au cap Dejnev,  les Etats-Unis d'Amérique de la Russie (soviétique ou non), il serait louable, plutôt que d'embraser le monde entier dans un conflit nucléaire total, ou dans une série de conflits de moindre envergure, de construire une manière de ring que l'on ferait flotter (les moyens techniques le permettant aisément) à 42,5 kilomètres de chacun des caps. Là, accord étant trouvé sur la discipline sportive et les nationalités des arbitres, deux champions, un seul Horace, un seul Curiace, appartenant à chacune des nations s'affronteraient en un combat loyal, à l'issue duquel le pays du perdant passerait intégralement sous la coupe du pays du vainqueur. Si, dans un souci de représentation politique, chaque pays décidait d'envoyer son chef d'Etat, les modalités d'accession au pouvoir seraient certainement à revoir (et la démocratie serait sans doute révoquée pour longtemps, jusque même dans ses apparences).
    — La logique ne pourra décidément jamais rien pour ce monde, camarade.

    (Brouillon pour machine)

    2 octobre 2024

     

  • Les démons de Gödel, de Pierre Cassou-Noguès

    "Mon hypothèse serait plutôt que l'intérêt des notions et, par conséquent, les directions du travail des mathématiciens (les mathématiciens ne s'intéressent pas à toutes les notions ou ne cherchent pas à démontrer tous les théorèmes mais seulement des théorèmes "intéressants") et, finalement, la figure que prennent les théories mathématiques sont déterminés par un écho imaginaire et qu'ainsi ces notions, ces énoncés répondent à des préoccupations plus larges que l'on rencontre avant tout dans la littérature."

    Kurt Gödel expliquait lui-même à sa mère, en 1952, à propos d'une présentation de son travail : " J'y étais désigné comme le découvreur de la vérité mathématique la plus significative du siècle. Tu ne dois pas penser que j'étais décrit comme le plus grand mathématicien du siècle. Le mot "significative" dit plutôt : du plus grand intérêt en dehors des mathématiques."

    Je donnerais volontiers dix "rentrées littéraires" complètes pour Les démons de Gödel (logique et folie) de Pierre Cassou-Noguès.

    Je ne sais pas si l'auteur, professeur de philosophie, a jamais pu souhaiter cela, mais j'ai tout au long de ma lecture de ce livre d'une très grande clarté, et de plus en plus intensément, adhéré aux "arguments" de Kurt Gödel (auteur du théorème d'incomplétude, la fameuse proposition mathématique "la plus significative" du XXème siècle, grand ami d'Einstein, et "plus grand logicien depuis le temps d'Aristote" selon Robert Oppenheimer) les plus extraordinaires, ceux que le mathématicien bizarre, pour le moins, ne publiait pas, craignant à raison qu'ils ne le fissent passer pour fou. Il se peut en effet qu'anges, démons, fantômes et diables n'aient pas bonne presse, même chez les scientifiques. 

    Un seul exemple, du logicien Gödel cité par Cassou-Noguès : "Puisque l'ego existe indépendamment du cerveau, nous pouvons avoir d'autres phases d'existence dans l'univers matériel ou dans un monde formé après que l'univers matériel a sombré dans le néant. L'apparence du contraire peut s'expliquer par le fait que nous en savons si peu sur le sujet."

    Un certain nombre de problèmes dramaturgiques (romanesques ou non) sont comme d'emblée résolus par l'intuition et le travail de Gödel, intuition dont, moi qui suis profane, je n'ai absolument pas besoin qu'elle soit démontrée mathématiquement.

    "Le problème qui m'occupe, dit Cassou-Noguès en sa postface, est de savoir ce que l'on peut légitimement tirer d'un énoncé scientifique. Sans même extrapoler la logique, Gödel utilise son théorème d'incomplétude pour établir des thèses philosophiques comme l'indépendance de l'esprit par rapport au cerveau, l'immortalité de l'esprit ou, semble-t-il, la possibilité du diable (l'impossibilité de se garantir contre un Mauvais Génie). Il lie pour cela son théorème d'incomplétude à des principes philosophiques qui ont une tradition: un "optimisme rationaliste" par exemple selon lequel l'esprit doit pouvoir résoudre tout problème qu'il peut formuler. La déduction des thèses bizarres à partir du théorème d'incomplétude et des principes philosophiques qui lui sont associés semble être rigoureuse et, du moins, il serait difficile de parler à propos de Gödel " d'imposture intellectuelle"". 

    Ce n'était pas le propos de l'auteur, mais j'ai regretté seulement qu'aucun éclairage ne soit donné quant à la mise au point de Gödel, entre 1948 et 1970, de sa preuve ontologique (argument logique, reprenant en s'inspirant de Leibniz une tradition remontant à saint Anselme de Cantorbéry,  en faveur de l'existence de Dieu, argument qui ne sera publié qu'en 1987, neuf ans après la mort du logicien). 

    25 août 2023

     

    Les démons de Gödel, de Pierre Cassou-Noguès, Points-Seuil, 2012