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Ciels de synthèse - Page 9

  • Tout jeter

    Fin (lundi 5) du second nouveau chapitre (agrégat de 17 éléments sur 3 lignes de fuite). Dépressurisation, envie d'arrêter tout, (tout jeter ?) et de commencer autre chose. Une idée nouvelle vient. L'idée d'un nouveau roman, plus simple, plus court, plus facile (apparemment). Je la rumine trois jours sans discontinuer (ni dormir). Puis la tentation me vient d'en faire le chapitre trois. Même si ça n'a (presque) aucun rapport. Pas les mêmes personnages du tout. N'importe quoi. Envie d'argent facile, magique. (Hier, quelqu'un m'a parlé longuement du dernier Marc Levy. Du point de vue du business éditorial.) Ce qu'il faut, c'est une cuite sévère.

    9 février 2024

  • La loi du plus fort

    La question du jour (mauvais temps, faute à Boutang...) est de savoir si l'agresseur est nécessairement le premier qui frappe. Il semble bien que les cas existent où le premier qui frappe n'est pas réellement l'agresseur ; où donc le premier coup serait permis (l'emploi du conditionnel est justifié plus loin). J'imagine, par exemple, que si six ou sept personnes le cernent et le menacent avec l'intention manifeste de lui faire la peau, un type est tout de même fondé à éclater les couilles du premier qui s'approche, dans la sainte intention de dissuader ses comparses. Mais en réalité, tout dépendra de l'issue du combat et du protagoniste finalement qui dira le droit. Ce qui signifie tranquillement que, sous les apparences à maintenir, tous les coups sont permis pour être celui dont à la fin la force prend force de loi. Ce n'est quand même pas si sorcier à comprendre. Il pleut toujours et je considère cette question comme définitivement résolue, merci de votre attention.

    8 février 2024

     

     

  • Barbarie

    La Barbarie est un livre qui met utilement en garde contre la science (contre sa détestation de la vie, de la culture), qui se veut objective au point qu'elle ignore, l'écartant a priori, ce qu'elle vient ravager : toute la vie subjective, laquelle pourtant permet son existence. Ce n'est donc pas d'une crise de la culture que parle Michel Henry, mais de sa destruction. Et finalement, une telle science se confond avec son idéologie techniciste, qui veut que tout ce qui peut être fait soit fait (sans égard pour rien de sacré ou d'important), et ne comprend pas, ne peut pas comprendre, que partout où elle triomphe, la vie s'éteint. (Je résume à la hache, me passant du sabir phénoménologique (ça y est, c'est raté) qui me fait de plus en plus souvent, symétriquement si j'ose dire, le même effet que ce qu'il dénonce, à savoir d'un déploiement conceptuel fait pour placer la vie sous l'éteignoir.) La mise sous le boisseau de l'art (qui n'est plus lui-même le médium, puisqu'il a besoin, pour (aller) se faire voir, des médias) ou la destruction de l'Université sont bien réelles. Et l'auteur de conclure, 1987, que tout culture ne peut plus être qu'underground, je dirais aujourd'hui : clandestine.

    3 février 2024

    La Barbarie, Michel Henry, Grasset, 1987 ; PUF, 2014

  • Cabane dans un champ de concombres

    Je ne pense pas que le terme roman, qui est désormais essentiellement un marqueur commercial, puisse encore s'appliquer à ce que j'écris. 

    Lu, grâce à Sabine Huyhn, la traductrice d'Ann Sexton, poète que je n'ai jamais lu : « Content dominates, but style is the master.» Drôle d'exécutif bicéphale. A comparer avec cette remarque de Claudel, dans « Sur le vers français", in Réflexions sur la poésie. « L'intelligence n'est pas plus la vertu fondamentale pour un poète que la prudence pour un militaire¹. Elle est nécessaire en seconde ligne. Elle critique ce que tu fais.» [(1) « Ou la probité chez un entrepreneur de travaux publics. »]

    Je donne un nom à un personnage ; aussitôt j'en trouve vingt-deux sur les réseaux. Avec des têtes à vous couper l'imagination. Je trafique le nom, le chosifie.

    Je crois vraiment nécessaire l'alternance dans le même texte de proses ressortissant des «deux éducations ». A la violence manifeste, qui attirera évidemment sur elle l'attention, doit répondre, selon le mot de Leo Strauss, la noble réserve et la calme grandeur. Quitte à ce que ces dernières demeurent incomprises...

    Je ne faisais que peu de différences entre drame et poème, ce qui me valait l'incompréhension des deux sectes. Le roman lui-même, au-delà de sa sclérose contemporaine, me paraît toujours évidemment lié à l'épopée, au chant de la colère d'Achille, ou à cet autre commencement prophétique  : « Votre terre est déserte, vos villes sont brûlées par le feu : les étrangers dévorent votre pays devant vous, et il sera désolé comme une terre ravagée par ses ennemis. Et la fille de Sion demeurera comme une loge de branchages dans une vigne, comme une cabane dans un champ de concombres, et comme une ville livrée au pillage. » Homère, donc. Et Isaïe, ici (I, 7-9) dans la traduction de Le Maître de Sacy. (Notons que le passage cité a donné à Jünger l'idée de donner ce titre ambivalent : La cabane dans la vigne à son journal de guerre des années 1944-1948, qui voient l'Allemagne à son tour détruite, ravagée par le feu, divisée.)

    31 janvier 2024

     

  • 26 janvier 2024

    Passé les quinze derniers jours à tenter d'extraire de la narratrice S.H. de quoi faire un soliloque à destination (très hypothétique) du théâtre-zombie. Thème global : La loi du plus fort est toujours la meilleure. (Rapports du poète et du tyran.) Convoqués d'autorité, Mandelstam, La Fontaine (donc), Xénophon, Joyce. Se sont invités Apollinaire (hors sujet, diversion, Merveille de la guerre) et Pound (passage éclair pour ce dernier). Le tout dans un futur proche à la technomisère organisée par personne. Concision du style : maximum de violence dans minimum de mots, la plus grande étant de la dire comme une évidence, en passant. Dès le début d'écriture, massacre indifférencié des poètes neuneus du jour (les débiles légers parlent aux débiles légers) et des burnes vides élues qui gauleiterisent le pays, et le monde . (Juste après, dans la prétendue vraie vie, 2000 nullités poétalisantes dénoncent comme "trop méchant" Sylvain Tesson, l'écrivain touristique poly-râteliérisé à dico des jolies citations intégré. Lili Pute et Pute Lili <en même temps>.) Puis entrée directe dans la colonisation de l'esprit humain par la machine, le corps servant de terminal ; avec en filigrane discret la légalisation du commerce des enfants (usinage/import/export). (Pendant ce temps, dans la vraie vie, autour de moi, dans le village, révolte paysanne. Des gens qui ne veulent pas devenir ce que je viens d'écrire.) Et moi, seul, de part et d'autre de la schize, avec mon cigare belge (tabacs Joseph Martin).

    26 janvier 2024