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  • Pour une Rencontre avec Monsieur Teste

    Monsieur Teste est un livre auquel je reviens souvent.

    Sa brièveté permet de le relire sans trop d'efforts dans la journée.
    D'autant que l'édition finale non posthume s'arrêtait à la Lettre d'un ami et ne comprenait pas les cinq derniers textes ajoutés.
    80 petites pages. Et encore, en 1896, Valéry publie la seule Soirée avec M. Teste.
    Une quinzaine de pages.

    Il est difficile de se représenter aujourd'hui quelle éducation permet, à son sommet, à un jeune homme de 25 ans de produire un tel texte. Sans vergogne aucune, je lui ai emprunté pour un des chapitres de ma machine son incipit à Descartes : Vita Cartesii est simplissima...

    « Monsieur Teste n'avait pas d'opinions. Je crois qu'il se passionnait à son gré, et pour atteindre un but défini. »

    Monsieur Teste vit de médiocres opérations hebdomadaires à la Bourse. Mais surtout, c'est un homme de la nuit, et si Valéry le dit en passant, et n'y revient pas, il donne en une information importante :

    « Je ne l'ai jamais vu que la nuit. Une fois dans une sorte de b...; souvent au théâtre. »

    Si l'on admet que cette dernière phrase respecte la chronologie, Edmond Teste et le narrateur se sont rencontrés au bordel. La Lettre de Madame Emilie Teste ni rien ensuite dans le livre comme dans les éléments posthumes ajoutés n'y revient. C'est bien dommage. Quel Monsieur Sexe pouvait bien devenir Monsieur Tête (sic) ? Imaginer Monsieur Teste et son double au bordel, ce serait quelque chose, tout de même.

    5 octobre 2024

    Paul Valéry, Monsieur Teste, Gallimard, L'Imaginaire

     

     

  • Clairière ou précipice (2)

    Amusant comme le mot de Churchill cité en queue de billet, If you're going through hell, keep going, m'a évoqué le Descartes du Discours de la méthode ; au début de la troisième partie, après nous avoir avisé que durant le temps qu'il referait son logis (l'examen de toutes ses opinions) il allait en adopter un autre provisoire, c'est-à-dire se munir d'une morale par provision dont le premier point consistera à obéir aux lois et coutumes, il en vient au second point :

    « Ma seconde maxime était d'être le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais, et de ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsque je m'y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées. Imitant en cela les voyageurs qui, se trouvant égarés en quelque forêt, ne doivent pas errer en tournoyant, tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, ni encore moins s'arrêter en une place, mais marcher toujours le plus droit qu'ils peuvent vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons, encore que ce n'ait peut-être été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir : car par ce moyen, s'ils ne vont justement où ils désirent, ils arriveront au moins à la fin quelque part, où vraisemblablement ils seront mieux qu'au milieu d'une forêt. »

    18 octobre 2024

  • Guerre froide. La solution logique

    — Le détroit de Behring, large de 85 kilomètres et séparant, du cap Prince-de-Galles au cap Dejnev,  les Etats-Unis d'Amérique de la Russie (soviétique ou non), il serait louable, plutôt que d'embraser le monde entier dans un conflit nucléaire total, ou dans une série de conflits de moindre envergure, de construire une manière de ring que l'on ferait flotter (les moyens techniques le permettant aisément) à 42,5 kilomètres de chacun des caps. Là, accord étant trouvé sur la discipline sportive et les nationalités des arbitres, deux champions, un seul Horace, un seul Curiace, appartenant à chacune des nations s'affronteraient en un combat loyal, à l'issue duquel le pays du perdant passerait intégralement sous la coupe du pays du vainqueur. Si, dans un souci de représentation politique, chaque pays décidait d'envoyer son chef d'Etat, les modalités d'accession au pouvoir seraient certainement à revoir (et la démocratie serait sans doute révoquée pour longtemps, jusque même dans ses apparences).
    — La logique ne pourra décidément jamais rien pour ce monde, camarade.

    (Brouillon pour machine)

    2 octobre 2024

     

  • Une note de Vinci

    Je trouve, dans la biographie de Léonard par Serge Bramly, cette phrase qu'il m'importe de conserver avec moi (d'où sa présence dans ce carnet), afin de modifier un certain nombre de mes attitudes vis-à-vis du travail :

    Fuis l'étude qui donnera naissance à une œuvre appelée à mourir en même temps que son ouvrier.

    Bien sûr, me dira-t-on : comment savoir ?

    30 septembre 2024

     

    Lien permanent Catégories : Douille, Livre
  • Clairière ou précipice

    Les possibilités du langage me paraissent infinies et rien ne passe pourtant le roman (ce qu'on appelle encore ainsi par habitude) dont la fabrication est tellement attendue qu'elle a pris un tour industriel. Je m'en veux déjà (oh, modérément) de négliger les joies réelles de la composition (les règles étant posées, grâce auxquelles on concourt). Sur quels schémas bien établis nos pauvres esprits viennent-ils buter sans cesse ? Dès que l'on sort des sentiers battus et rebattus de la narration (qu'il ne s'agit pas, pourtant, d'abandonner), dès qu'on s'écarte trop de ce à quoi nous pouvons et nous mesurer et nous rassurer, nous nous trouvons perdu, sans plus de repères. Nous ne savons plus ; bientôt nous rebroussons ; et la facilité l'emporte.  Il faudrait pourtant se trouver comme chez soi dans ces endroits inexplorés ; et continuer d'avancer, s'enfoncer plus encore dans ce qu'on ne comprend pas et qui pourrait bien mener nulle part. Il y aura bien une clairière et tant pis si c'est un précipice.  If you're going through hell, keep going. Churchill.

    30 septembre 2024