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roman

  • Tout jeter

    Fin (lundi 5) du second nouveau chapitre (agrégat de 17 éléments sur 3 lignes de fuite). Dépressurisation, envie d'arrêter tout, (tout jeter ?) et de commencer autre chose. Une idée nouvelle vient. L'idée d'un nouveau roman, plus simple, plus court, plus facile (apparemment). Je la rumine trois jours sans discontinuer (ni dormir). Puis la tentation me vient d'en faire le chapitre trois. Même si ça n'a (presque) aucun rapport. Pas les mêmes personnages du tout. N'importe quoi. Envie d'argent facile, magique. (Hier, quelqu'un m'a parlé longuement du dernier Marc Levy. Du point de vue du business éditorial.) Ce qu'il faut, c'est une cuite sévère.

    9 février 2024

  • Cabane dans un champ de concombres

    Je ne pense pas que le terme roman, qui est désormais essentiellement un marqueur commercial, puisse encore s'appliquer à ce que j'écris. 

    Lu, grâce à Sabine Huyhn, la traductrice d'Ann Sexton, poète que je n'ai jamais lu : « Content dominates, but style is the master.» Drôle d'exécutif bicéphale. A comparer avec cette remarque de Claudel, dans « Sur le vers français", in Réflexions sur la poésie. « L'intelligence n'est pas plus la vertu fondamentale pour un poète que la prudence pour un militaire¹. Elle est nécessaire en seconde ligne. Elle critique ce que tu fais.» [(1) « Ou la probité chez un entrepreneur de travaux publics. »]

    Je donne un nom à un personnage ; aussitôt j'en trouve vingt-deux sur les réseaux. Avec des têtes à vous couper l'imagination. Je trafique le nom, le chosifie.

    Je crois vraiment nécessaire l'alternance dans le même texte de proses ressortissant des «deux éducations ». A la violence manifeste, qui attirera évidemment sur elle l'attention, doit répondre, selon le mot de Leo Strauss, la noble réserve et la calme grandeur. Quitte à ce que ces dernières demeurent incomprises...

    Je ne faisais que peu de différences entre drame et poème, ce qui me valait l'incompréhension des deux sectes. Le roman lui-même, au-delà de sa sclérose contemporaine, me paraît toujours évidemment lié à l'épopée, au chant de la colère d'Achille, ou à cet autre commencement prophétique  : « Votre terre est déserte, vos villes sont brûlées par le feu : les étrangers dévorent votre pays devant vous, et il sera désolé comme une terre ravagée par ses ennemis. Et la fille de Sion demeurera comme une loge de branchages dans une vigne, comme une cabane dans un champ de concombres, et comme une ville livrée au pillage. » Homère, donc. Et Isaïe, ici (I, 7-9) dans la traduction de Le Maître de Sacy. (Notons que le passage cité a donné à Jünger l'idée de donner ce titre ambivalent : La cabane dans la vigne à son journal de guerre des années 1944-1948, qui voient l'Allemagne à son tour détruite, ravagée par le feu, divisée.)

    31 janvier 2024

     

  • Approche et sérendipité

    Je n'utilise pas d'italiques dans le chapitre que j'écris, leur préférant un espacement des caractères. U n  e s p a c e m e n t.  Cela a-t-il un nom en typographie ? Il m'est ressouvenu que Walter Benjamin avait utilisé cette technique typographique dans Sur le concept d'histoire. J'y suis allé regarder. Mais non. Pas du moins dans ma version des Ecrits français publiée en "Bibliothèque des idées" chez Gallimard. Je me suis alors ressouvenu que Giorgio Agamben parlait de cette façon particulière d'espacer les lettres qu'utilisait Benjamin et j'ai pensé d'abord que cela se trouverait dans le tome II, 1 d'Homo sacer, Etat d'exception, quand le philosophe italien expose dans un extraordinaire chapitre "Gigantomachie autour d'un vide", les échanges cachés, secrets d'œuvre à œuvre entre Carl Schmitt et Walter Benjamin.  Mais c'était en fait dans Le temps qui reste (Un commentaire de l'épître aux Romains) qu'Agamben relève ce procédé.  Un mot espacé (s c h w a c h e, qui veut dire faible) tapé à la machine dans le manuscrit allemand de Benjamin permet à Agamben de comprendre que le théologien non nommé dont parle Benjamin dans la formidable première thèse du Sur le concept d'histoire pourrait bien être saint Paul, pour qui "la puissance s'accomplit dans la faiblesse". Cette recherche imprévue, à l'initiale pour chercher le nom typographique de cet espacement, m'a permis de relire partiellement deux textes d'Agamben. Je me suis aperçu en relisant rapidement Etat d'exception que ce qui y est traité me servirait davantage que le Hiéron de Xénophon que je venais de relire. Le poète du XXIème siècle devrait être mathématicien et juriste. 

    "Le joueur devant infailliblement gagner sera cette autre poupée qui porte le nom de "matérialisme historique". Elle n'aura aucun adversaire à craindre si elle s'assure les services de la théologie, cette vieille ratatinée et mal famée qui n'a sûrement rien de mieux à faire que de se nicher où personne ne la soupçonnera."

    Fin de la première thèse de Sur le concept d'histoire de Walter Benjamin. J'ai bien failli m'amuser à espacer dans la citation les lettres du mot i n f a i l l i b l e m e n t.

    25 novembre 2023

    PS : le terme typographique français est l'approche. (Mes remerciements à Richard de Seze.)

  • ...le roman pour quoi faire ?

    Parfois le bras me tombe et je songe à quitter ce roman impossible et à plutôt écrire directement à mes enfants, mais je ne suis pas doué pour la parole directe, je n'ai rien à dire qui soit certain, il me faut la fiction et sa possible explosion cognitive et je finis par vite remettre l'ouvrage sur le métier.

    8 novembre 2023