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Politique - Page 3

  • La leçon de Belloc

    Nous ne posséderons rien, ou pas grand-chose. Il se peut même que le peu que nous possédons fonde encore, et très vite, dans les années qui viennent. L'Etat servile, d'Hilaire Belloc, écrit en 1912, raconte très bien comment, en Angleterre du moins, le Moyen Âge avait petit à petit éliminé le servage au profit d'une société essentiellement constituée de petits propriétaires capables de solidarité. Small is beautiful. Puis comment, avant même la révolution industrielle, les terres des gens avaient été spoliées par une couronne incapable cependant de même les conserver (le roi lui-même devenant une marionnette salariée...) ; échec qui avait permis la naissance d'une oligarchie nouvelle de grands propriétaires terriens et le retour du servage, sous la forme épatante du salariat (ou le salarié contracte librement puisqu'il a en effet le choix entre la misère et la mort) ; et que c'est cette réalité qui avait permis que l'essor industriel soit cette atroce exploitation des prolétaires anglais. 

    Inspiré du Moyen Âge tardif (et catholique) des XIVème et XVème siècles, le distributivisme de Belloc, idéale alternative aux capitalisme et socialisme créant tous deux une catégorie identique de prolétaires disposant d'une force de travail destinée uniquement à servir ceux qui possèdent (que la possession soit publique ou privée), ne redeviendra pas réalité. Il peut cependant devenir pour chacun une source d'inspiration quant à la manière d'orienter sa vie.     

    « L'entrée d'un homme dans une corporation s'accompagnait d'une période d'apprentissage au cours de laquelle il travaillait pour un maître ; mais avec le temps, il devenait maître à son tour. L'existence de telles corporations en tant qu'unités normales de production industrielle, d'effort commercial et de moyen de transport atteste suffisamment ce qu'était l'esprit social qui avait également affranchi le travailleur de la terre. Et tandis que de telles institutions fleurissaient parallèlement aux communautés villageoises qui n'étaient plus serviles, la propriété libre ou absolue du sol, à la différence de la tenure du serf sous l'autorité du seigneur, s'était également développée.

    [...] L'Etat, tel que l'envisageait l'esprit des hommes au terme de ce processus, était un agglomérat de familles plus ou moins riches, mais constituant les propriétaires de moyens de production de loin les plus nombreux. »

    4 décembre 2023

     

    Hilaire Belloc, Vous ne posséderez rien (L'Etat servile), traduction et présentation de Radu Stoenescu, Carmin, 2023

  • Modèle de composition I - Strauss

    De la tyrannie, de Leo Strauss.

    1. Hiéron ou le traité sur la tyrannie, de Xénophon. (Dialogue d'une trentaine de pages entre le poète Simonide de Céos et le tyran Hiéron de Syracuse.)

    2. De la tyrannie, de Leo Strauss. (Essai de près de 200 pages sur le dialogue de Xénophon.)

    3.  Tyrannie et sagesse, par Alexandre Kojève. (Réponse de 75 pages d'Alexandre Kojève à l'essai de Strauss.)

    4. Mise au point, de Leo Strauss. (Conclusion de l'ensemble, 80 pages)

    Un titre, un seul auteur annoncé ; mais quatre parties, trois auteurs, trois langues, deux périodes historiques . Le De la tyrannie de Strauss est évidemment un essai de philosophie politique. Mais je ne vois rien là qui empêcherait un romancier de s'en inspirer.

    Dans la version française que je lis, Xénophon est donné dans la "Trad. Pierleoni utilisée par Jean Luccioni" ; les deux parties de Leo Strauss sont traduites de l'anglais par Hélène Kern ; quant au texte de Kojève, il est en français. (Dans l'édition américaine d'origine, on lit sans doute Strauss dans l'original, Xénophon et Kojève dans des traductions, l'une sans doute " de référence", l'autre faite pour l'occasion (sauf si la réponse de Kojève avait été initialement publiée en revue.) Cette question des époques et des traductions pourrait bien être une piste stylistique.

    21 novembre 2023

     

  • Eco-anxiété 2

    Je suis mieux informé, ne l'étant pas.

    D'autres personnes (quelquefois les mêmes) ne s'informent, elles, que des faits divers criminels, s'inquiètent que leur nombre soit en constante hausse, et souffrent donc également d'éco-anxiété. (Ces faits-là sont certes très souvent avérés mais ne devraient tout de même pas constituer l'entièreté de ceux présents à leur esprit.) Dans le cas que les personnes souffrant de cette éco-anxiété-là habiteraient des zones urbaines, la coïncidence serait toutefois plus grande entre leur environnement immédiat et les dangers pouvant y surgir dans la minute.

    13 novembre 2023