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pédophilie

  • 26 janvier 2024

    Passé les quinze derniers jours à tenter d'extraire de la narratrice S.H. de quoi faire un soliloque à destination (très hypothétique) du théâtre-zombie. Thème global : La loi du plus fort est toujours la meilleure. (Rapports du poète et du tyran.) Convoqués d'autorité, Mandelstam, La Fontaine (donc), Xénophon, Joyce. Se sont invités Apollinaire (hors sujet, diversion, Merveille de la guerre) et Pound (passage éclair pour ce dernier). Le tout dans un futur proche à la technomisère organisée par personne. Concision du style : maximum de violence dans minimum de mots, la plus grande étant de la dire comme une évidence, en passant. Dès le début d'écriture, massacre indifférencié des poètes neuneus du jour (les débiles légers parlent aux débiles légers) et des burnes vides élues qui gauleiterisent le pays, et le monde . (Juste après, dans la prétendue vraie vie, 2000 nullités poétalisantes dénoncent comme "trop méchant" Sylvain Tesson, l'écrivain touristique poly-râteliérisé à dico des jolies citations intégré. Lili Pute et Pute Lili <en même temps>.) Puis entrée directe dans la colonisation de l'esprit humain par la machine, le corps servant de terminal ; avec en filigrane discret la légalisation du commerce des enfants (usinage/import/export). (Pendant ce temps, dans la vraie vie, autour de moi, dans le village, révolte paysanne. Des gens qui ne veulent pas devenir ce que je viens d'écrire.) Et moi, seul, de part et d'autre de la schize, avec mon cigare belge (tabacs Joseph Martin).

    26 janvier 2024

  • Vortex 3

    « Depuis quand Dieu permet-il aux machines de prendre la parole ? demandait Edison, dans L'Eve future de Villiers de l'Isle-Adam. »

    Toute la partie réaliste du roman publié en 2003 se déroule entre 1989 et 2001, entre la chute du Mur et le 11 septembre. Mais de même que l'Histoire a mené là les protagonistes, eux vont mener l'histoire au-delà de leur propre vie. Les enquêtes commencent avec des fax dans un monde fumeur, on voit Internet arriver doucement et plus violemment le chaos dans la société française, les machines (institutionnelles et technologiques) prendre le pas sur des humains qui se refusent à devenir machines et à rivaliser avec elles, à les doubler dans un monde (ou un anti-monde) à elles inaccessible. Le roman se termine dans le futur avec des hommes presque vivants et connectés par IA cérébralement implantée à la bibliothèque mondiale ; car comme l'avait dit Wolfmann, « désormais les guerres à venir seraient des guerres conduites entre des bibliothèques rivales ».

    Certaines pistes policières du roman n'ont pas été explorées. L'écho qu'elles ont avec certaines actualités le fait presque regretter. Par exemple, ce qui qui suit, dit par l'ex-soldat répondant au pseudonyme de Carnaval :

    « Sachez que votre tueur n'enlève peut-être pas lui-même ses victimes. Sachez qu'il existe un circuit sur le marché noir, un circuit qui a pour tâche de revendre de jeunes enfants ou des adolescents à des pervers sadiques. Il y a des kidnappeurs professionnels, branchés avec ses réseaux, et ils les fournissent en chair fraîche, même Wolfmann a du mal à intégrer cette idée, mais c'est une certitude. »

    Si Villa Vortex était réduit à ses enquêtes policières successives, lesquelles échouent d'ailleurs toutes, sa puissance balaierait encore la plupart des romans de sa décennie. Les deux cents pages finales (j'ai séché les cinquante dernières) où le roman poursuit pour ainsi dire sur sa lancée après la mort de tous ses personnages (Kernal, Nitzos, Wolfmann, Mazarin, le tueur des centrales) sont trop longues (il faut cinquante pages avant que Narkos ne naisse de la fusion des personnages morts dans quoi ? sinon le cerveau de l'auteur Dantec sur lequel nous sommes branchés) mais devaient être tentées. Et s'il est amusant de relire en 2024 les errances terminales de ce Narkos naviguant entre la vie et la mort, c'est aussi parce qu'elles sont censées avoir lieu en « octobre de l'An 72 Après-la-Bombe », donc en octobre 2017, et que la prophétie de Dantec ne manque pas d'humour...

    « Ensuite la machine à écrire vivante se branche sur le réseau mondial du flux satellitaire de l'information permanente : les Troupes de la République corse du Val-de-Marne appellent à marcher sur les lignes tenues par la Fraction Révolutionnaire Anarchiste de Disneypolis. En réponse, le Rassemblement Unitaire anti-fédéral a repris sa compagne contre les positions tenues par la Garde François Mitterrand du Front Socialiste pour l'Instauration Obligatoire de la Liberté, et ce dans toute la banlieue est. La machine zappe, court d'une fréquence à l'autre : le Groupe Salafiste pour le jihâd et la conservation de la foi dans les territoires occupés de la Seine-Saint-Denis a semble-t-il entrepris des représailles contre ses rivaux du Mouvement Islamique pour l'instauration immédiate de la charia-Commandement Général Nord. Mais la pression exercée sur lui par les soldats de l'Union pour la Croisade Républicaine l'oblige à interrompre ses opérations. »

    Et ainsi de suite quatre pages durant. On peut en rire... parce que, visiblement, c'était déjà mort en 2003.

    7 janvier 2024

    Maurice G. Dantec, Villa vortex, Gallimard (la noire), 2003