Le livre, qui semble être une manière de prologue au roman Guerre et guerre, étant très court et noir et tout d'un seul tenant, je ne vais ni le résumer ni même en parler un peu, mais simplement en citer un extrait, qui n'est pas même une phrase complète ; il s'agit d'un morceau rapporté (par un ange ?) de ce que dit Korim, celui qui avait vu l'avenir qui nous attendait :
« [...] car s'il avait précédemment expliqué comment le bien et la grandeur avaient été vaincus au sortir d'une répugnante rébellion, il devait, maintenant qu'il avait entrevu cet avenir, révéler que dans cet avenir issu de cette rébellion le bien et la grandeur manquaient, non seulement en tant que réalités, mais également en tant que critères, autrement dit, poursuivit-il avec une tension de plus en plus perceptible dans la voix, d'après ce qu'il avait vu, le bien et la grandeur n'allaient pas dans l'avenir être supplantés par le mal et la bassesse, non, il y aurait quelque chose de radicalement et d'incroyablement différent, car dans cet avenir le mal serait tout aussi absent que le bien – c'est du moins ce que Korim avait constaté [...] »
Je crois bien que cet avenir ne va pas nous rater.
11 décembre 2025
László Krasznahorkai, La venue d'Isaïe, traduction de Joëlle Dufeuilly, Cambourakis, 2013