Il y a les pièces ouvertement didactiques et expérimentales de Marivaux, comme L'Île des esclaves où les rapports des maîtres et des valets s'inversent, ou comme La Dispute où l'on pratique des expériences d'observation sur des êtres humains élevés en captivité ; et puis les pièces de comédie, de divertissement sain à proprement parler, dont la plus célèbre est sans doute Le Jeu de l'amour et du hasard, où deux personnages promis l'un à l'autre, et qui ne connaissent pas, inversent d'eux-mêmes leurs rôles avec leurs servants. Et puis, il y a La double inconstance dont Anouilh dit qu'elle est terrible (cela me fait penser qu'on pourrait presque classifier les pièces de Marivaux comme Anouilh avait rangé les siennes, en pièces roses, noires, grinçantes, etc.).
1. Arlequin et Silvia s'aiment.
2. Le Prince s'est épris de Silvia et Flaminia (qui travaille pour le Prince) s'engage à séparer Silvia d'Arlequin.
3. A la fin, Silvia et le Prince s'aiment ; Arlequin et Flaminia s'aiment.
Ces deux inconstances donneront elles le jour à quatre constances ? Nous ne le saurons pas, car la pièce est finie. (Mais je suppose que oui, car les relations dans les deux nouveaux couples sont beaucoup moins égalitaires et de plain pied : le Prince domine dans le premier, et Flaminia dans le second. A mois qu'à l'inverse, d'être trop inégalitaires, elles s'effondrent. On ne sait pas et je crois que la vie n'a rien à foutre de ces plates considérations idéoplusoumoinslogiques.)
12 septembre 2025