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Sous les ciels de synthèse - Page 5

  • Petites apocalypses en cours

    C'est non pas un monde futur apocalyptique mais notre monde, construit autour des conversations avec son fils, que raconte McCarthy dans La Route. Si nous ne le reconnaissons pas, c'est que nous ne le voulons pas.

    La Ville-Haute de Sous les ciels de synthèse, de plus en plus déshumanisée, parallèle à l'En-Bas des barbares Nadeuques, n'est-ce pas cet enfer doré déjà autour de nous ? On ne peut pas raconter autre chose que ce monde, mais il est possible de découvrir, en écrivant, quelle perception réelle (incomplète, donc) on en a.

    Le roman de ce qu'on a sous les yeux très souvent est aveugle et ne trouve pas sa langue.

    15 septembre 2023

     

    La Route, Cormac MacCarthy, L'Olivier

     

     

  • Roman non romanesque

    Sous les ciels de synthèse est un roman assez court. Au lecteur qui ne s'y perdra pas, il doit permettre d'entrer dans le plus fort volume, j'espère, que sera La grande guerre de solidarité (GGS). J'imagine un rapport de proportion du type Bilbo/Le Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien.

    Tout est parti d'une commande (les premières conversations ont lieu en 2017) de mon ami Fred Pougeard, conteur et poète, qui voulait, en somme, une épopée, dans le futur. Pour la dire, sur un plateau de théâtre, accompagnée du musicien Renaud Collet. C'est donc venu de fort loin du roman.

    Cette première écriture, commencée à l'été 2018, a porté des contraintes qui  sont demeurées, mais qui n'auraient pas été si je me fusse lancé directement dans un roman : un narrateur unique ; le moins de descriptions possibles, et des descriptions les plus brèves possibles s'il en faut vraiment ; et surtout, aucune explication du fonctionnement d'appareils technologiques qui n'existent pas encore ; mieux, aucun terme technique neuf. 

    Le texte initial était trop long pour le plateau : il fallait couper. Dans le même temps, Fred Pougeard et moi avons beaucoup discuté de cette premier version, des éclaircissements se sont avérés nécessaires et de nouvelles idées sont venues, ce qui fait que la direction de mon travail s'est réalisée simultanément dans les deux sens opposés : d'un côté, je coupais ; de l'autre, j'ajoutais. Mais surtout, certains éléments nouveaux entraient aussi dans la version plus courte.

    Pour donner une idée chiffrée, la version initiale de 2018 fait 19.000 mots ; la version pour la scène, jouée en 2020 : 7.500 ; le roman achevé en 2023 : 45.000.

    6 septembre 2023

  • Nadeuques

    Les quelques personnes qui ont lu Lettre ouverte à l'Intendant du Domaine, paru en 2020, seront peut-être surpris de retrouver les étranges et inquiétants Nadeuques dans le contexte historique très différent de Sous les ciels de synthèse ; elles s'étonneront peut-être que cette peuplade barbare, qu'on trouvait dans les temps passés, ait survécu jusques aux temps futurs ; mais n'est-ce pas à cela justement que servent la barbarie, les invasions ?

    Le fait est que j'ai commencé d'écrire Sous les ciels de synthèse en Angleterre, l'été 2018, un avant donc que je n'entreprenne la Lettre à l'Intendant, l'été d'après, entre Bruxelles et Paris. Les Nadeuques ont donc commencé leur carrière littéraire dans le futur, avant de remonter le temps ; seuls des peuples de fiction peuvent se permettre un tel luxe.

    Vers la fin de la Lettre, le narrateur se proposait de tuer des Nadeuques sans autre forme de procès, et quelques journalistes me prêtant sa position et désireux peut-être que ces Nadeuques valussent pour un autre peuple dans la réalité, m'ont gentiment signifié refuser d'écrire un papier, ce qui revient exactement à ne pas prendre en compte le sujet fondamental du livre, qui est la perversion du pouvoir (l'Intendant) ; et ses effets désastreux. La lecture est un art plus que jamais difficile.

    4 septembre 2023

     

    Lettre ouverte à l'Intendant du Domaine, Pascal Adam, Le Réalgar, 2020