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  • Hollywood (and co)

    Ils ont des producteurs très riches et des moyens colossaux, de très bons metteurs en scène (capables d'attention aux détails sans perdre la vue d'ensemble ; et réciproquement), d'excellents acteurs, de très bons scénaristes et les meilleurs techniciens de plateaux, de très bons cascadeurs, des photographes et des éclairagistes hors pair, les types les plus à la pointe quant aux effets spéciaux, des monteurs exceptionnels, des compositeurs spécialisés et de grands orchestres à disposition. Et quand le film prend, c'est-à-dire, selon l'expression presque consacrée, qu'il est davantage que la somme de ses parties, il ne produit au mieux qu'un divertissement efficace et médiocre, qui vieillit vite ; le plus souvent incapable, si l'on ôte la musique dictant quoi ressentir, de provoquer une seule émotion vraie. Je ne trouve à cet échec qu'une raison : c'est ce qu'ils voulaient faire.

    1er décembre 2023

    Lien permanent Catégories : Film, Musique
  • Différent constant

    Un autre jour j'eusse écrit autre chose. La première phrase à venir poursuivre n'eût pas été la même, ni les suivantes. Force est de constater qu'écrire sur un temps long une chose composée, dont les parties sont prétendument homogènes, nécessite une confiance, une foi dans le fait que les aléas se tempèrent, ou se concilient ; ou dans cette illusion.

    29 novembre 2023

  • Approche et sérendipité

    Je n'utilise pas d'italiques dans le chapitre que j'écris, leur préférant un espacement des caractères. U n  e s p a c e m e n t.  Cela a-t-il un nom en typographie ? Il m'est ressouvenu que Walter Benjamin avait utilisé cette technique typographique dans Sur le concept d'histoire. J'y suis allé regarder. Mais non. Pas du moins dans ma version des Ecrits français publiée en "Bibliothèque des idées" chez Gallimard. Je me suis alors ressouvenu que Giorgio Agamben parlait de cette façon particulière d'espacer les lettres qu'utilisait Benjamin et j'ai pensé d'abord que cela se trouverait dans le tome II, 1 d'Homo sacer, Etat d'exception, quand le philosophe italien expose dans un extraordinaire chapitre "Gigantomachie autour d'un vide", les échanges cachés, secrets d'œuvre à œuvre entre Carl Schmitt et Walter Benjamin.  Mais c'était en fait dans Le temps qui reste (Un commentaire de l'épître aux Romains) qu'Agamben relève ce procédé.  Un mot espacé (s c h w a c h e, qui veut dire faible) tapé à la machine dans le manuscrit allemand de Benjamin permet à Agamben de comprendre que le théologien non nommé dont parle Benjamin dans la formidable première thèse du Sur le concept d'histoire pourrait bien être saint Paul, pour qui "la puissance s'accomplit dans la faiblesse". Cette recherche imprévue, à l'initiale pour chercher le nom typographique de cet espacement, m'a permis de relire partiellement deux textes d'Agamben. Je me suis aperçu en relisant rapidement Etat d'exception que ce qui y est traité me servirait davantage que le Hiéron de Xénophon que je venais de relire. Le poète du XXIème siècle devrait être mathématicien et juriste. 

    "Le joueur devant infailliblement gagner sera cette autre poupée qui porte le nom de "matérialisme historique". Elle n'aura aucun adversaire à craindre si elle s'assure les services de la théologie, cette vieille ratatinée et mal famée qui n'a sûrement rien de mieux à faire que de se nicher où personne ne la soupçonnera."

    Fin de la première thèse de Sur le concept d'histoire de Walter Benjamin. J'ai bien failli m'amuser à espacer dans la citation les lettres du mot i n f a i l l i b l e m e n t.

    25 novembre 2023

    PS : le terme typographique français est l'approche. (Mes remerciements à Richard de Seze.)

  • Sérieux pas sérieux

    Les atrocités auxquelles je descends, et qui ne sont pas tant du futur qu'une manière combative de se saisir du présent et de le projeter, escortées par la phrase de Silouane l'Athonite, tiens ta tête en enfer et ne désespère pas, sont en quelque sorte tempérées par cette phrase de Joyce à Djuna Barnes à propos d'Ulysse : "Ce qui est dommage, c'est que le public exigera et trouvera une morale dans mon livre - ou pire il pourrait le prendre vraiment très au sérieux, mais sur l'honneur d'un gentleman, il n'y a pas une seule ligne sérieuse dedans." Pas une seule ligne sérieuse. Pourtant chacune est écrite dans le plus grand sérieux. Pascal, Pensées : "Les deux raisons contraires. Il faut commencer par là, sans cela on n’entend rien et tout est hérétique. Et même à la fin de chaque vérité il faut ajouter qu’on se souvient de sa vérité opposée." Pour la première, à voir écrit les mots sérieux et serious, je les vois clairement dériver du mot série. 

    23 novembre 2023

  • Modèle de composition I - Strauss

    De la tyrannie, de Leo Strauss.

    1. Hiéron ou le traité sur la tyrannie, de Xénophon. (Dialogue d'une trentaine de pages entre le poète Simonide de Céos et le tyran Hiéron de Syracuse.)

    2. De la tyrannie, de Leo Strauss. (Essai de près de 200 pages sur le dialogue de Xénophon.)

    3.  Tyrannie et sagesse, par Alexandre Kojève. (Réponse de 75 pages d'Alexandre Kojève à l'essai de Strauss.)

    4. Mise au point, de Leo Strauss. (Conclusion de l'ensemble, 80 pages)

    Un titre, un seul auteur annoncé ; mais quatre parties, trois auteurs, trois langues, deux périodes historiques . Le De la tyrannie de Strauss est évidemment un essai de philosophie politique. Mais je ne vois rien là qui empêcherait un romancier de s'en inspirer.

    Dans la version française que je lis, Xénophon est donné dans la "Trad. Pierleoni utilisée par Jean Luccioni" ; les deux parties de Leo Strauss sont traduites de l'anglais par Hélène Kern ; quant au texte de Kojève, il est en français. (Dans l'édition américaine d'origine, on lit sans doute Strauss dans l'original, Xénophon et Kojève dans des traductions, l'une sans doute " de référence", l'autre faite pour l'occasion (sauf si la réponse de Kojève avait été initialement publiée en revue.) Cette question des époques et des traductions pourrait bien être une piste stylistique.

    21 novembre 2023