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islamisme

  • Erzébet Bélandry-Fongier

    « On ne savait pas exactement combien de fois Erzébet Bélandry-Fongier avait changé de sexe ; la plupart des gens disaient quatre, c'était donc peut-être trois, et plus probablement deux, quoi que cinq ne fût point exclu. Ancienne élève de l'Institut National du Service Public, elle officiait désormais au sommet de l'État, se targuait d'être écoutée d'un président qu'elle savait un larbin et avec lequel elle ne communiait au fond que dans le mépris du peuple. Elle s'était fait une spécialité de critiquer l'avènement des machines super-intelligentes, dont quelques nantis seuls auraient ici les moyens, et ne voyait, la crise démographique occidentale étant ce qu'elle était, de salut que dans la conversion massive et rapide des diverses peuplades françaises à l'islamisme hautement reproducteur le plus bas de plafond, qui était pour elle-même, au passage, très rémunérateur. Sa théorie était évidemment moquée ; mais quoi qu'elle fût moquée, elle semblait s'appliquer d'elle-même, lentement, dans la réalité. Il faut dire que chacun, jusqu'au président tout-puissant, laissait faire et se savait payé à cela. Tous les politiciens de tous les horizons, devant une paupérisation accélérée du pays considérée comme irréversible, s'étaient comme un seul homme convertis à la décroissance à la coule (allah-cool) et poussaient des hourras à chaque nouvel enfoncement du peuple dans la merde. »

    29 décembre 2023 

  • Le train d'Erlingen, de Boualem Sansal

    « Ah bravo, l'envahisseur a réussi ce que nul conquérant avant lui n'avait accompli, il a soumis la planète sans armes ni bagages, avec rien, des gens approximatifs, des méthodes archaïques, des moyens ramassés en chemin, des bouts de ficelle, en se contentant d'être lui-même, allant sa route comme bon lui semble. Dans cette configuration crypto-invasive, l'absence de violence visible devient la plus horrible des violences. Nous souffrons de cela, de cette absence de guerre frontale et destructrice qui nous aurait galvanisés et libérés de nos atermoiements. »

    Comme nombre de romans de Sansal, Le train d'Erlingen est aussi une mise en garde contre la soumission de l'Europe, en premier chef de la France, aux conquérants islamistes. Il se veut en creux un manuel de résistance et offre une bibliothèque portative de combat relativement originale : le Walden  de Thoreau, Les aveugles de Baudelaire, La métamorphose de Kafka, Le désert des Tarrtares de Buzatti et, moins attendu encore, Les Immortels d'Agapia de Constantin Virgil Gheorghiu.

    Les deux personnages principaux du roman sont féminins et courageux, et il ne semble pas du tout anodin qu'il ne reste, hormis les auteurs susmentionnés, pas un homme. La composition est très originale et intégralement épistolaire et manuscrite (à l'âge des courriels) : Une mère, Ute von Ebert, à Erlingen en Allemagne, écrit à sa fille Hannah des lettres qu'elle ne peut lui poster : les envahisseurs (qui demeureront aussi mystérieux que transparents) sont là et aucun train ne vient qui évacuerait les habitants ; les édiles sont lâches et corrompus et personne ne songe même à se battre. Dans la seconde partie du roman, en France, la fille, Léa, répond à sa mère à présent morte et qui n'a jamais été cette Ute von Ebert, mais Élisabeth Potier, un professeur d'histoire-géographie violemment agressé à Paris en novembre 2015 par des islamistes, et qui est revenu de son coma avec une seconde personnalité. Le train d'Erlingen est le roman d'un homme libre, qui a vu tomber son pays, l'Algérie, et qui avertit en vain des Européens qui préfèrent ne pas voir, et sont déjà rendus.  

    « S'il y a une épidémie dans ce monde, c'est bien l'épidémie de veulerie. »

    27 décembre 2023

    Boualem Sansal, Le train d'Erlingen (ou la métamorphose de Dieu), Gallimard, 2018