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  • Hier, de Hofmannsthal

    Hier est une pièce écrite à dix-sept ans par Hugo von Hofmannsthal.
    Elle est traduite et publiée par Jean-Yves Masson aux éditions de la Coopérative.
    Lequel Masson a tout à fait raison de dire en sa postface que la pièce contient non seulement en germe toute l'œuvre à venir d'Hofmannsthal, mais aussi qu'elle est absolument personnelle et d'une complète maturité.

    Il y a quelque chose d'une foi inébranlable en l'art, qui me semble avoir disparu sinon de la littérature, au moins du théâtre. Elle tient peut-être, de façon tout extérieure, à ne raconter ni sa vie ni son époque ; à ne porter rien qui soit immédiatement de l'ordre de la critique. C'est d'ailleurs cela qui fait l'extrême contemporanéité de la chose : une contemporanéité permanente, si j'ose dire. Car enfin, je ne vis ni dans la Vienne de 1891 du jeune auteur, ni dans l'Italie de la Renaissance où se déroule la pièce.
    La construction de l'acte unique en dix scènes s'ouvre et s'achève sur le duo d'Andrea et Arlette. Les huit scènes qui les séparent ont retourné complètement Andrea. Le jeune homme qui reprochait d'abord à son amie

    Dois-tu sans cesse gâter le jour présent avec le souvenir d'hier ?

    finira par admettre, tordu de jalousie, que :

    Ce qui fut une fois demeure vivant pour l'éternité.

     

    8 mai 2025

     

     

  • Le maillon manquant

    Deux faits.

    1. J'ai fait un petit billet ici, il y a quelque temps, sur l'emploi chez Descartes, dans le Discours de la méthode, à propos du suspens ou de la réduction, du verbe feindre.

    2. J'aime citer depuis longtemps le mot de Basil Bunting cité par Ezra Pound dans son ABC de la lecture :
    Dichten = condensare.

     

    Je n'aurais jamais pensé à lier entre eux ces deux faits sans le magnifique Livre des amis d'Hugo von Hofmannsthal (publié aux éditions de la Coopérative par Jean-Yves Masson, éditeur et traducteur) :

    Ecrire (dichten) = feindre* = to feign

    Jean-Yves Masson ajoute en note : « Hofmannsthal pense ici à l'étymologie des verbes français et anglais "feindre" et "to feign", dérivés du latin "fingere" qui signifie originellement "modeler, façonner", puis "imaginer", d'où provient aussi le mot "fiction". Le verbe "dichten" s'applique à la création littéraire en général, même s'il s'applique surtout à la poésie ("der Dichter peut désigner "l'écrivain").  »

    L'astérisque signifie que le verbe feindre est écrit en français par Hofmannsthal. Ce qui signifie donc, sauf erreur de ma part, que l'aphorisme d'Hofmannsthal est écrit en trois langues :

    Dichten = feindre = to feign 


    Je ne tire pas les conclusions.

     

  • Lettre (2)

    La lettre que j'écris ces jours-ci, dont je parlais précédemment, et qui doit s'achever sur une évocation de la conquête spatiale à venir (ou non) commence d'abord par une récapitulation succincte de la fameuse Lettre de Lord Chandos d'Hugo von Hofmannsthal, qu'il avait plus simplement intitulée Ein Brief, Une Lettre. 

    J'ai eu besoin, en écrivant, de retrouver une citation du même Hofmannsthal, prise dans le Livre des amis (Buch des Freunde). 
    Wer die höchste Unwirklichkeit erfaβt, wird die höchste Wirklichkeit gestalten. 
    Aux Editions de la Coopérative, le remarquable Jean-Yves Masson traduit erfaβt par « appréhende », mais je lui préfère « saisit » qui me semble évacuer toute idée de crainte :

    « Celui saisit la plus haute irréalité façonnera la plus haute réalité. »

     

    26 novembre 2024