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möbius

  • Les Physiciens, de Friedrich Dürrenmatt

    A moins que ce ne soit nous, la pièce (écrite en 1962) a quelque peu vieilli : elle vient d'un temps où la guerre nucléaire totale, je crois, faisait peur. Elle ne fait plus peur ; sans doute s'habitue-t-on. 

    Les 21 points à propos des Physiciens, à la fin de l'ouvrage, ont une portée qui passe la pièce ; le premier d'entre eux, par exemple :
    « Je ne pars pas d'une thèse mais d'une histoire. »
    C'est une évidence à rappeler, de nos jours. Le cher Dürrenmatt lui-même ne la formule peut-être que parce que, dans Les Physiciens, la thèse l'emporte (ou du moins le dispute fortement à l'histoire).

    La pièce se présente d'abord comme une enquête policière. Dans le luxueux sanatorium (plutôt une clinique psychiatrique, de fait), institution luxueuse et privée, on a assassiné une infirmière. Et ce n'est pas la première fois. Les assassins, ou les patients comme il est relativisé parfois, se trouvent être Einstein et Newton. Ou des fous qui se prennent pour eux.

    Mais la pièce tourne à l'affaire d'espionnage, Einstein et Newton étant de vrais faux patients (mais de vrais assassins) et de vrais physiciens-espions chargés de surveiller un nommé Möbius, physicien lui aussi, et le plus brillant des trois, afin de lui voler ses travaux, pour le compte des puissances antagonistes pour lesquels ils travaillent. Or Möbius s'est réfugié dans la clinique afin justement que ses travaux ne puissent servir, et donc probablement participer à la destruction de la planète.

    Il y aura d'autres surprises encore. Si la thèse l'emporte tout de même sur l'histoire, cela n'empêche pas, fait rarissime, la pièce d'être drôle.

     

    10 octobre 2025

    Dürrenmatt, Les Physiciens, L'Arche, traduction de Cécile Delettres, 2014